Festival international du film fantastique de Menton
9e Fantasy Film Festival
du 23 octobre au 26 octobre 2025 à Menton
Blanche-Neige et les Sept Nains :
Le triomphe fondateur de Walt Disney

L'essor des studios Disney :
entre reconnaissance artistique et défis commerciaux
Par Kisma Ba
Le succès planétaire de Blanche Neige et les Sept Nains propulse Walt Disney au sommet d’Hollywood.
Les retombées économiques du film lui permettent de créer des studios près de Los Angeles, studios d’où naîtront les futures grandes œuvres Disney.
Dans un premier temps les longs-métrages estampillés Disney ne rencontrent pas le succès commercial de leur désormais illustre prédécesseur.
Les critiques sont malgré tout dithyrambiques, elles donnent aux équipes Disney une certaine reconnaissance artistique qui
légitime leur nouvelle position parmi les grandes majors de l’époque.
Les résultats financiers moindres donnent de plus l’idée à Disney de ressortir le film par lequel tout a commencé.
Il fortifie ainsi son image de conteur moderne tout en cristallisant la
formule de son succès à travers la ressortie en masse de Blanche Neige et les Sept Nains peu après l’échec relatif de Pinocchio.

La formule Disney
En février 1940 sort Pinocchio, les critiques sont charmées par l’adaptation du roman de Carlo Collodi. Une fois encore l’animation et la narration sont salués et la chanson principale du film deviendra le thème officiel de Disney.
Ce second long-métrage issu des studios Disney s’exporte cependant beaucoup moins bien que son prédécesseur.
En effet le début de la guerre quelques mois plus tôt compromet toute sortie européenne jusqu’en 1946.
C’est pour palier à la réalité économique de la Seconde Guerre Mondiale que Walt Disney décide de ressortir Blanche Neige et les Sept Nains en juillet 1940, les revenus dePinocchio étant insuffisant par rapport à son budget bien plus important.
C’est une nouvelle fois un succès, cela permet aux studios Disney de rentrer dans leurs frais par rapport à la production de Pinocchio et de Fantasia la même année.
La naissance du marketing Disney :
un succès commercial auprès des jeunes
Le film ressort une nouvelle fois, 4 ans plus tard, avec une campagne publicitaire très importante qui surfe sur
l’univers du film.
Le merchandising démesuré de Disney fait alors ses débuts pour cette ressortie, les produits dérivés du film rencontrent un immense succès chez les plus jeunes.
La richesse des univers conçu par Disney permettent en effet la création de tous type d’objet commerciaux, c’est vrai aujourd’hui et c’était aussi le cas à l’époque.
Figurines, jeux, livres… tous ces produits rendaient incontournables la ressortie de Disney pour les spectateurs. Tout ce marketing, qualifié parfois d’agressif, étaient justement orienté pour le jeune public.

l’impact de Blanche Neige
au box-office
Chaque enfant qui va au cinéma y va nécessairement avec au moins un adulte, doublant, triplant voire quadruplant le nombre d’entrées et donc le box-office.
En se reposant sur la logique de cette stratégie, le film compensa une nouvelle fois les réussites financières
relatives des productions Disney contemporaines (Dumbo en 1941 puis Bambi en 1942) tout en continuant de construire sa légende.
Tout le monde connaît l’histoire du film : une jeune fille, chassée du royaume par sa méchante belle-mère, croise la route de sept nains après s’être restaurée dans leur chaumière ; la belle- mère, déterminée à rester la plus belle du royaume, concocte une pomme empoisonnée qui est
destinée à sa belle-fille.
Lors de sa sortie, la technique du film a été loué par la critique contemporaine mais la narration est finalement ce que le monde a retenu.
La narration ce n’est pas simplement l’histoire que l’on raconte mais bien la manière de la raconter, Walt Disney l’avait compris dès ce premier film.
Il ne fallait pas penser la narration d’un long-métrage animé de la même manière qu’un long-métrage en prise de vue réelle.


En animation la narration ne passe pas seulement par l’écriture mais aussi par le dessin.
La mise en scène doit ainsi être pensée dès la production, pendant l’élaboration du dessin.
La direction artistique choisie pour les environnements doit être clairement établie de même que le design des personnages.
Ceux-ci sont créé de A à Z, il faut à la fois penser leur écriture,
leur apparence et surtout, point important des œuvres Disney, leur caractérisation.
Les personnages des 7 nains n’ont pas vraiment été définis dans l’œuvre originale.
Walt Disney décida donc d’accentuer au maximum leurs caractérisations respectives.
Cela eu pour
effet de réellement captiver le public, par l’intermédiaire des gags et de l’humour visuel en général, mais surtout cela rendait quasi impossible la confusion entre les personnages.
Dès la conception, l’apparence de chacun des personnages s’est reposée sur sa personnalité,
d’autant plus pour les nains qui étaient nommés d’après leur caractère. Cela allait finalement
aider à ancrer chacun d’eux dans l’esprit des spectateurs, c’est le cas encore aujourd’hui pour
beaucoup de personnages Disney.
L’art de la caractérisation :
des personnages Disney inoubliables
Les numéros musicaux :
l’âme des personnages Disney
L’écriture et l’animation étant pensé en même temps, les équipes Disney ont imaginé un moyen intéressant de développer ses personnages tout en enrichissant la direction artistique des films.
Pour exprimer des sentiments ou extérioriser leurs émotions, les personnages Disney ont l’habitude, dès ce premier film, de se lancer dans des numéros musicaux.
Ces séquences, toutes plus inventives les unes que les autres, permettent finalement aux personnages d’évoquer leur intériorité sans que cela apparaisse comme une lourdeur
scénaristique.
Déjà sur les premiers court-métrages et encore plus pour les longs, de manière plus développée, les musiques ont défini l’identité de Disney.
Cette manière de faire assimiler les ressentis des personnages auprès du public a été perpétuée par Disney au point d’inscrire ce type de passages musicaux dans l’inconscient de générations de spectateurs.
Heigh-Ho, Un jour mon prince viendra, On se lave…
les paroles de ces chansons sont connus de tous.
Le doublage leur a permis de faire le tour du monde et de gagner un écho auprès de toutes les générations, encore aujourd’hui.
Quand l'Animation Traditionnelle Façonne l'Imaginaire
Côté animation, les chorégraphies et l’ingéniosité
de la mise en scène ont aussi eu un fort impact sur l’imaginaire du public.
De nombreuses idées visuelles parcourent les séquences chantées et le film en général, brassant au passage un vaste champ générique.
Comédie musicale, épouvante ou comédie mettent en relief l’important pouvoir évocateur de l’animation dite traditionnelle. L’efficacité de cette animation repose sur son imagerie souvent composée d’archétypes narratifs et visuels.
Une forêt conçue avec des couleurs froides, des ombres, des doigts crochus… tous ces archétypes sont très évocateur et ont nécessaire une portée infinie sur l’inconscient.
De même des environnements colorés, des formes rondes ou la clarté d’un visage a ce pouvoir de rassurer, de provoquer l’empathie ou de susciter la confiance.
Tant d’éléments pensés dès l’écriture du film.

Héritage Culturel et Débats Contemporains
87 ans après sa sortie, le film continue d’influencer le cinéma mondial ainsi que la pensée du spectateur et des critiques. Au gré de ses ressorties, de nombreuses analyses ont été faite sur le film.
Des psychanalystes se sont penchés sur la question des stéréotypes féminins véhiculés par le film (vaste sujet) tandis que des pédopsychiatres ont réfléchi à l’impact des images
fortes sur les enfants.
Certains ont avancé que l’un ou l’autre de ces éléments pouvait conditionner les spectateurs, les conditionner à ce qui était bien et ce qui était mal.
Il y aurait par exemple un risque que les enfants ne différencient plus le réel de la fiction, plus précisément face à la mort.
Ils pourraient aussi également en venir à trop idéaliser des personnages imaginaires, soulevant la question des représentations dans les œuvres d’art.
Disney est désormais l’une des marques les plus importantes et les plus puissantes des États-Unis.
La quasi-totalité des divertissements cinéma et série qui rencontrent en ce moment le succès suivent la formule Disney.

Avec le recul, le premier long-métrage d’animation des studios et son succès sans équivalent sont ce qui a permis la réussite des œuvres ultérieures.
Les œuvres Disney ont su évoluer dans le temps, démontrant sans cesse la capacité des studios à fabriquer des succès.
Dans la nouvelle tendance de Disney à produire des remakes en live action de ses films, le film par lequel tout a commencé aura aussi droit à son remake en prise de vues réelles.
Blanche Neige et les Sept Nains est sorti en 1937 mais son impact économique, sociétale et culturel s’observe encore aujourd’hui. C’est désormais devenu un objet incontournable de ’art occidental et même mondial allant bien au-delà de l’ouvrage dont il est inspiré.
Sa technicité, sa créativité, son imagerie, son idéologie ou encore son écriture, tous ces éléments rendent finalement ce film éternel.