Festival international du film fantastique de Menton
9e Fantasy Film Festival
du 23 octobre au 26 octobre 2025 à Menton
Twilight :
Le vampire comme métaphore de la puberté

Twilight :
De la plume à l’écran, une saga devenue culte
Par Manon Bellahcene
Rappelons-le, Twilight est avant tout une série à succès de romans fantastiques écrite par Stephenie Meyer, qui a été propulsée sur le devant de la scène avec une adaptation cinématographique accomplie.
On retrouve au premier plan de la fresque sanguinaire, Kristen Stewart dans le rôle de Bella Swan, Robert Pattinson dans la peau cadavérique du mystérieux Edward Cullen, puis Taylor Lautner en Jacob, l'apprenti loup-garou protecteur.

Twilight, entre romance tragique et
héritage vampirique
La saga a pendant longtemps été catégorisée comme la réécriture contemporaine de Roméo et
Juliette pour son tumulte sentimental. En parallèle, l'intrigue convoque l'éternelle passion du roman
de Bram Stoker, Dracula. Loin d'être le scénario original, la fiction du vampire est le point
d'ancrage de tous les fantasmes, notamment celui d'une relation amoureuse entre le vampire (un
mort-vivant) et une femme (Mina Harker). Les proies du vampire sont, dans la plupart des cas, des
jeunes femmes dans la fleur de l'âge, souvent prêtes à s'engager auprès d'un homme (cf.
Lucy/Arthur et Mina/Jonathan dans le roman).

Marginalité et vulnérabilité :
un terrain propice au mythe du vampire
Le point en commun des victimes féminines du vampire est leur désordre psychique, un trouble qui classe ces femmes en marge de la société.
Dans Twilight, Bella Swan est une adolescente marginalisée avec des centres d'intérêts aux antipodes de ses camarades.
Discrète et introvertie, elle est l'enfant d'un couple divorcé et vit avec son père.
En somme, un schéma de vie contemporain, loin des obligations maritales victoriennes, imposées dans Dracula.
Néanmoins, la marginalisation reste élémentaire à l'insertion du vampire et de ses canines.
Un trouble identitaire laisse alors une porte ouverte à la créature de la nuit, qui saura user de ses charmes pour qu'on l'autorise à entrer.
Twilight fait le choix de la romance.

Un brin inspiré d'Angel dans Buffy contre les vampires, le
personnage d'Edward pénètre la chambre d'adolescente de Bella, alors que 92 années les séparent.
Un Moment d'Égarement les plonge dans une relation interdite. Il faut dire que les choses seraient
bien plus glauques si Edward n'avait pas le physique juvénile de ses 17 ans – ce qui encourage les
fans de la première heure à « fangirler » sur l'inoubliable mèche rebelle.
L'envie irrépressible des deux créatures se traduit par des respirations haletantes, sans savoir si Edward veut dévorer (au sens propre) Bella.
Lorsqu'elle perce le secret de sa véritable nature, Bella
confronte l'homme et l'animal. Edward teste Bella et joue avec sa peur.
Cette joute verbale tend à aiguiser un appétit sexuel réciproque – une tentation rendant les deux amoureux fébriles, un état typique des premiers émois adolescents. Le jeu pervers s'évanouit rapidement pour entrer dans le
romantisme irréprochable du teen movie.
Une recette bien ficelée qui saura convaincre à l'échelle
mondiale.
succès littéraire et une nouvelle vision du vampire
En France, la saga littéraire compte 1,7 millions de ventes.
Twilight prend alors le virage de la dédramatisation du vampire. Les transformations anthropomorphes connues des adaptations cinématographiques sont délaissées au profit d'un vampire séduisant qui concerve une enveloppe charnelle adolescente.
Les rats, les mouches, les loups et les chauves-souris font partie du passé.
