top of page

Mondes Altérés :
Cinéma et Réalités Oniriques (Partie 1)

onirique.jpg

Les films explorant des réalités altérées ou des mondes oniriques :
entre technologie et psyché

Par Maeva Kleit

​​

La création cinématographique, par sa nature même, constitue déjà une forme d’altération de la réalité. Mais certaines œuvres font de cette altération leur sujet principal, explorant plus en profondeur les frontières poreuses entre le réel et le rêvé, le conscient et l'inconscient.
Pour illustrer cet article, les exemples ne manquent pas. À travers l'analyse d'un corpus varié, nous explorerons comment le cinéma contemporain met en scène différentes formes de manipulation de la réalité. Le point de départ de notre réflexion s’illustre dans Le Rêve de ma femme (2024), court-métrage présélectionné au Festival du Film Fantastique en 2024, qui cristallise les enjeux majeurs de cette thématique.

onirique2.jpg

La technologie comme vecteur d'altération de la réalité

Dans le cinéma contemporain, la technologie apparaît souvent comme le catalyseur permettant d'accéder à des réalités alternatives. De l'architecture des rêves aux manipulations mémorielles, les œuvres que nous allons aborder interrogent notre rapport à l'innovation technologique et ses implications sur notre perception du réel.

Le progrès permet de contrôler le monde des rêves afin d’altérer la réalité, la technologie offre de nouveaux moyens de brouiller les frontières entre réel et imaginaire.

 

onirique4.jpg

La commercialisation des rêves et des souvenirs

Le Rêve de ma femme, réalisé par Sacha Bodiroga, avec Fabien Caleyre et Lola Daniel, pose d'emblée la question de la vente d’expériences oniriques. L’entreprise MetaDreams, qui commercialise des rêves sous forme de pastilles en forme de nuage, évoque immédiatement Lacuna Inc. dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind (Michel Gondry). Ces deux entreprises fictives explorent la monétisation de notre intimité psychique : l'une vend des rêves préfabriqués, l'autre propose l'effacement sélectif des souvenirs douloureux.

La dernière séquence du Rêve de ma femme, proposant une fin saisissante à ce court-métrage, montre le mari fouillant frénétiquement dans des boîtes MetaDreams vides, illustrant comment la promesse d'échappatoire technologique peut rapidement se transformer en dépendance.

onirique3.jpg

L'immersion technologique comme nouvelle réalité

Inception (Christopher Nolan) pousse encore plus loin cette logique en développant une technologie permettant non seulement de partager les rêves, mais de les architecturer collectivement. La séquence où Ariane apprend à plier la ville sur elle-même illustre bien le vertige de cette maîtrise technologique du rêve. Ici, l’inconscient se manipule en groupe organisé, à travers les rêves.
Cette histoire fait écho aux manipulations nocturnes de Dark City (Alex Proyas), où une technologie mystérieuse reconfigure la ville et les souvenirs de ses habitants chaque nuit, créant un cycle perpétuel de réalités alternatives. La réalité se trouve réécrite mécaniquement, de façon quotidienne. La technologie acquiert le pouvoir de reconfigurer l'existence humaine.

oniriques5.jpg

L'expérience scientifique
comme catalyseur

Souvent, l’altération du réel part d’une expérience scientifique plus ou moins réussie… Madame Hyde (Serge Bozon) propose une approche plus singulière :

un accident de laboratoire devient le déclencheur d'une transformation aussi bien physique que psychique.
La scène du choc électrique, filmée avec une économie de moyens remarquable, annonce la métamorphose du personnage en être luminescent, une version légèrement améliorée de la même personne, plus sincère et
forte.

bottom of page