Festival international du film fantastique de Menton
9e Fantasy Film Festival
du 23 octobre au 26 octobre 2025 à Menton
L’Evolution du Film Fantastique
Partie 1

Georges Melies
et
La naissance du cinéma fantastique
Kisma Ba
Le cinéma fait son apparition vers la fin du XIXème siècle. Parallèlement à la création puis l’expansion du Cinématographe créé par les frères Lumière, le genre fantastique connait un
essor considérable dans la littérature internationale.
Assez tôt, le genre fantastique va inévitablement se rapprocher puis infuser dans le cinéma mondial et en premier lieu dans le cinéma français.
Après avoir inventé le cinéma, la France va aussi inventer et codifier le genre du fantastique.
Cela passera principalement par l’intermédiaire du travail du réalisateur visionnaire, Georges Méliès.

L’Illusionniste qui a Révolutionné le Cinéma
Dès 1895, le cinéma est vu comme une attraction destinée à la désuétude.
C’est l’argument utilisé par la famille Lumière pour repousser l’intérêt de l’illusionniste Georges Méliès pour leur création : Le Cinématographe.
Méliès parvient cependant à racheter l’Isolatographe aux frères Isola ainsi que le Theatrograph conçu par son ami, Robert William Paul.
Il crée alors sa propre société de production, Star Film, et se lance dans la réalisation cinématographique. Comme tout le monde, Méliès a d’abord reproduit les premiers films Lumière pour ses débuts.
Quelque temps plus tard, un incident technique lui permet de découvrir puis d’utiliser le principe de l’arrêt de caméra. Alors qu’il filmait des véhicules dans la rue, le mécanisme de la caméra s’est bloqué. Il fallu quelques minutes pour le débloquer et Méliès remarqua que cet incident donnait l’illusion que l’omnibus qu’il filmait se transformait subitement en corbillard.

Le Magicien des Premiers Effets Spéciaux
Etant donné le côté quasi magique/surnaturel de cette métamorphose, Méliès a décidé d’essayer de reproduire et d’exploiter ce procédé. Il en fera sa marque de fabrique et ouvre ainsi la voie à ce qui sera plus tard considéré comme les premiers effets spéciaux.
Méliès vient du monde de la prestidigitation, il fait ainsi infuser dans son cinéma énormément d’éléments fantasmagoriques voire fantastique. Cela passe par la création de décors et de costumes mais aussi par la mise en scène.
Désormais expert de l’utilisation de l’arrêt sur image, Méliès développe et reprend nombre de trucages servant sa narration burlesque puis plus tard fantastique. Nous sommes en 1902, la notoriété de Georges Méliès repose essentiellement sur ses trucages et ses œuvres mystérieuses et poétiques.
Il entreprend par ailleurs de coloriser ses pellicules pour un rendu plus proche de sa vision, ce travail fut plus tard repris chez Gaumont et Pathé. Il envisage aussi de s’inspirer du travail de Jules Verne pour son projet le plus ambitieux.

Le Manoir du Diable au Voyage dans la Lune :
L’Apogée du Génie de Méliès
Après avoir réalisé avec Le Manoir du Diable (1896) le premier film d’horreur de l’histoire, Méliès revient avec le premier film de science-fiction : Le Voyage dans la Lune. Considéré, à tort du coup (cf. Le Manoir du Diable), comme le premier film fantastique, ce film révolutionne les effets spéciaux tout en propulsant la carrière de son réalisateur bien au-delà des frontières de la France.
Le film rencontre aussi le succès en Amérique, son ambition, son récit et sa technique sont salués à travers le monde.
Les surimpressions, le jeu avec les perspectives ou encore des effets de fumée, tous ces éléments posent les bases de ce que deviendra le cinéma fantastique.
L’usage de la fumée est par ailleurs, encore aujourd’hui, communément associé aux ambiances fantastiques au cinéma.
Georges Méliès :
L’Artiste Visionnaire Face à l’Industrie du Cinéma
Le succès de ce film en particulier permet à Méliès de s’étendre à travers l’Europe, cette expansion est entre autres permise par le muet.
L’absence, ou la faible présence, de traduction à l’époque permettait en effet aux cinémas mondiaux de bien mieux s’exporter qu’aujourd’hui.
Son œuvre féérique, mystérieuse et fantastique ont influencé le cinéma de l’époque et continuent d’impacter le cinéma moderne.
Méliès est encore reconnu comme un précurseur passionné qui a défini le cinéma un tant qu’industrie du rêve.
Cependant sa passion s’est plus tard heurtée à la montée du système de studios en France et à l’internationale.
Se voyant plus comme un artiste que comme un commercial, Méliès se retrouve submergé par de nombreuses affaires de contrefaçon, émanant essentiellement de Thomas Edison.

Le Déclin de Méliès :
Une Vision Trop Avant-Gardiste pour son Époque
Les productions de Georges Méliès commencent alors à tomber dans la désuétude, d’autant plus en considérant l’argent qu’il perd sur le territoire américain.
Trop onéreuse pour être produite, trop inventive pour être accessible, les productions Méliès sont surpassées par des
œuvres plus modestes et formatées désirées par les grands studios.
Pathé devient dans un premier temps le distributeur exclusif des films de Georges Méliès, ils finissent par avoir le contrôle créatif total de Star Film.
L’arrivée de la Première Guerre Mondiale finit de faire tomber Méliès et le cinéma fantastique français dans la marginalité.
Il faudrait attendre de nombreuses années pour que le travail de Méliès captive de nouveau, de même pour le genre du fantastique en France.
De nos jours le cinéma fantastique français a encore du mal à s’affirmer mais il se développe particulièrement bien dans l’Allemagne d’après-guerre…
